- interview pour up2date novembre 2004
- interview pour mcm.net novembre 2003
- interview pour Cassandre septembre 2003
- Dancefloor, puissant et cosmique août 2003
- Impénitents et Obstinés décembre 2001
- interview pour laspirale.org décembre 2000
- Reflexions novembre 2000
- Utopie ? novembre 1999

- "La piste" webzine polémique post-tekno
- CDI Warning 2001

 

 

Interview pour up2date

 

- Présentez nous les membres du collectif. Comment est-il né ?

On s’est rencontrés vers 1995 dans un teknival, et on a fusionné pour créer hrtk. On avait tous moins de 20 ans…

- Petit historique de votre parcours ?

1996 – 1998 on fait des free a l’arrache, presque toutes les semaines, trashy et surmotivés ; on commence les premiers live acts, les tous premiers disques. On s’en fout de tout, on se marre et surtout on se fait plaisir…
1998 – 2001 beaucoup moins de fêtes parce que notre public a vachement augmenté, plus travaillées, plus risquées, gros attentats sonores, on joue en club quand on en a l’occasion, on produit plein de vinyles… piscine Molitor, Premier CD…
2001 – 200* : Une ou deux grosses grosses fêtes par an (10 000 personnes), on investit les festivals, les salles de concert, tout ce qu’on trouve, on continue les CDs, en groupe puis les projets solos, on bouge à l’étranger, on s’attaque à d’autres styles de zique (electro, house, etc…)

- Si vous pouviez révolutionner le monde des frees, que feriez-vous ?

« Rewind » ??? Tout le monde en rose fluo, des filles superbes, pas de relous, pas de flics, on top non stop, pas de frontières ??? Stop la fashion paramilitaire ringarde, les prods à outrance, la beaufitude ?

- Eprouvez vous un sentiment de nostalgie ? Aimeriez-vous remonter au bon vieux temps des raves clandestines ?

Il y a un temps pour tout. Bien sur le sentiment de liberté de l’époque, il est bien loin. Si on revenait en arrière on éviterait sûrement plein de petites erreurs, on resterait peut être plus cachés, on essaierait d’avoir plus de message, plus d’effort artistique.. etc.… mais bon… Il faut vivre dans le présent, il faut qu’on s’attache à construire maintenant, avec les nouvelles cartes

- Pensez-vous que votre album est un disque facile à écouter chez soi ?

Le Cd1, sans aucun doute, parfait pour un début de soirée, se mettre en jambe, gentiment, progressivement… le CD2, à fond dans la caisse pour le départ en soirée ???

- L’album Live que vous venez de sortir se veut clairement moins « Bourrin » que vos précédentes sorties. Est-ce que ça annonce un changement, une résolution pour 2005 au niveau de votre son ?

Ca fait un bout de temps qu’on est éclectique au niveau de la compo et de nos goûts musicaux. Certains ne s’en sont pas encore rendus compte, certains nous crachent dessus pour ça… Ce n’est pas une affaire de résolution, c’est le feeling de chacun, à un instant T. Qu’on fasse de la house ou du hardcore, c’est la musique qui nous inspire au moment ou on la joue, on n’y voit aucun problème d’intégrité ou de quoi que ce soit, c’est pas pour nous ouvrir les portes des maisons de disques ou de la star’ac, c’est pour nous ouvrir les oreilles…

- A votre avis, musique non dansante rime t’il avec musique chiante ?

Certainement pas !!!!!!! A bas la dictature du dancefloor ! Il y a de la musique pour tous les instants…

- Etes-vous toujours Impénitents et obstinés ?

OUI !

- Hérétique : adj. qui agit de manière jugée aberrante, contraire au bon sens et aux usages. Pensez-vous bien porter votre nom ?

Je dirais plutôt : Heretique : Qui ne souscrit pas à la doctrine établie, aux dogmes en vigueur … On doit pas avoir le même dico .
Que ce soit les carcans de la société ou les nouveaux dogmes « techno free », on s’en balance, on va ou le vent nous porte, vers ce qui nous fait bander. Surtout il ne faut pas se faire arrêter ou ralentir par des réacs qui voudraient nous cantonner dans tel ou tel style musical, tel ou tel comportement. Rester soit meme. C’est con à dire mais c vrai. Heretique c vraiment nous. On chie sur les dogmes. Et on n’agit pas de manière aberrante. Au contraire.

- Plusieurs collectifs tels que Sound Conspiracy, Spiral Tribe, ou Desert Storm que l’on retrouve en vidéo sur le DVD World Traveller Adventures (UWe), ont décidé de mettre les voiles pour un road trip humanitaire vers l'Afrique, L'Inde ou l'Europe de L'Est... est-ce que ce genre de trip vous tenterait ? Ou est-ce peut être déjà fait?

On n’a jamais été vraiment travellers, à part quelques road trips ensemble vers les pays de l’est … Sinon, peut être pas en tant que groupe, mais des individualités chez nous sont assez proche de tous ces gens la – c’est nos potes… Nous on est la base parisienne des canailles…

- Y a t-il une terre promise pour la scène free actuellement ? Un pays, un endroit sur le globe où les rave party ont encore libre cours sans pression, ni répression ?

Partout ou la free ne s’est pas encore cramée elle-même, partout ou on n’a pas peur des gens et des musiques nouvelles, loin d’ici et du formatage, loin des mcdos et de Sarkozy, de la bienséance et de la flippe étatique et parentale…. Partout ou pourra passer de la house ou du jazz ou du punk sans se faire siffler. Le monde est à nous !


 

 

Interview (intello) pour mcm.net

Hello,


Tout d'abord, pouvez-vous nous rappeler d'où vous venez ?

On est un groupe d’activistes tekno créé en 1996, à la suite de notre rencontre sur le teknival de Tarnos. Au départ concentrés sur les free parties, on a été actifs en organisation et en production. Plus d’une centaine de vinyles, trois CDs, des dizaines et des dizaines de fêtes, quelques attentats...

Quelles sont vos influences de base ?

Comme beaucoup dans le milieu, c’est les Spiral’s qui nous ont scotchés à la tekno. Dans la manière de faire, la première vague de sound systems français, impakt-teknocrates, furious etc… Pour la musique, chacun ses influences, électroniques ou autres.

Plus qu'un groupe, Heretik est un collectif à l'identité forte, quel est le point commun de tous les membres de la "tribu" Heretik ?

Rester ensemble pour faire la teuf sûrement. Heretik est une tribu tekno moderne, post-rave. C’est loin d’être la pensée unique. On a des façon de voir les choses très diverses, et des préoccupations tout aussi variées. On a déjà un passé en commun, ça soude.

Combien de personnes compte le collectif (ou le système) Heretik, et quels sont les rôles de chacun ?

Une bonne vingtaine de membres, mais on ne serait pas grand chose sans tous ceux qui nous ont aidés. Dedans on trouve de tout : organisateurs, musiciens, techniciens, poètes, graphistes, activistes, … ou autres. La plupart ont une activité musicale, mais pas tous. Plus notre bus de supporters toxicomanes. Ho ho ho..

Vous vous considérez plus comme des musiciens ou plus comme des activistes de la fête à travers la tekno ?

Très largement les deux – l’un ne va pas sans l’autre. Certains sont musiciens, d’autres mettent toutes leurs tripes dans leur vision de la fête. La plupart cumulent. Il y a trop d’individualités pour vouloir nous réduire à une seule activité, à un seul crédo. Certains apprécient la fête en épicuriens, d’autres vibrent pour sa dimension subversive, ou sociale, ou politique…. La musique, comme l’activisme politique ou artistique, sont des médiums qui font sortir du simple cadre techno. Et puis, la techno doit être dépassée.

En tant que défenseurs des free, que pensez-vous des bâtons mis dans les roues de la tekno par les autorités en France ?

Il suffit de les comprendre, et de bien considérer le fossé générationnel qui s’est creusé. Le problème, c’est que la majeure partie des moyens d’expression extrêmes et des opportunités hors cadre pour se rassembler sont interdits. On fait peur à la France d’en haut, d’en bas, et sur les côtés. Les gens sont le nez dans les chiffres, les nez dans leur petit écran, le nez dans leur carrière, dans leurs valeurs. On pense à notre place, on nous protège de trucs pas dangereux. Ils créent le danger. Notre mouvement s’est crée pour oxygéner une génération. C’est le retour de bâton d’une société déshumanisée, pleines de failles. Nous c'est : du bruit pour contrer le bruit, de la drogue pour contrer l’hypnose de masse, de la musique pour contrer la culture de masse débilisante, des danses pour arrêter de se faire chier...
Ils ont diabolisé la tekno comme le rock ou le jazz en leurs temps. Aujourd’hui, ils arrivent même à faire semblant d’avoir changé de position, alors que concrètement rien n’est fait à part deux ou trois coups de pub démagos par an. Ce n’est pas Sarkozy qui va sauver la tekno à grands coups d’effets d’annonce. Le mouvement free est européen, il continue à s’étendre. L’alternative aux cultures formatées est une nécessité dans le monde moderne. La répression nous a créés.

Un mot sur votre dernier LP "Tekno is Beautiful!" ?

Il est rouge et c’est Ben qui a fait la pochette je parie que les collants en photo c'est ceux de sa meuf quel clochard
…Le CD rassemble une partie des artistes du collectif. Une sélection de tracks clairement orientés « dancefloor ». Il y a pas mal de morceaux déjà sortis en vinyle l’année dernière, le but est de présenter un melting-pot au public qui n’identifie pas forcement nos différents styles. On a un peu de mal à se défaire des étiquettes qu’on nous colle alors que cela fait plusieurs années qu’on évolue dans différents styles.

Dans le CD de "Tekno is Beautiful" se trouve un long texte dénonçant la pensée musicale unique et défendant une certaine culture tekno underground... Fuyez-vous la médiatisation ? Quels sont vos rapports avec les médias en général ?

Les médias sont rarement libres. C’est leur financement par la pub qui est problématique. Les annonceurs décident du contenu analytique des journaux, et ce d’une manière indirecte, très ignominieuse, détournée, mesquine, presque inconsciente. On a fuit les médias quand on était dans l’ombre et qu’on voulais le rester. Fuir la médiatisation, c’est kiffant, car on l’appelle de fait. C’est savoir jouer avec les paradoxes ; sauf qu’on s’en aperçoit après, quand tout est fini… Aujourd’hui que la culture tekno underground est morte et enterrée, on essaye de choisir avec qui on parle. On a pas mal de choses à dire, et donc on profite de la plupart des tribunes qui s’offrent à nous. On utilise les médias pour faire passer nos idées et pas pour vendre des tomates… contrairement à certains. Les médias, c’est nous.

Malgré l'importance de jouer en teuf, aux festivals tekno etc... Aimez-vous vous produire en club ?

On a toujours adoré joué partout, en club, en rave, etc. On reste des musiciens. Ca aurait été stupide de s’autocantonner. On cherche toujours à défricher de nouveaux territoires pour s'y produire. Des oreilles différentes, des sensibilités différentes c’est indispensable pour évoluer. Il y a toujours des gens que cela intéresse de venir nous voir en club, on garde de ces endroits les meilleurs souvenirs comme les pires..... On aime jouer pour les autres, on veut jouer. T’as pas des plans ?

Pouvez-vous nous parler de vos productions ? Le label fonctionne comment ?

Tous les musiciens sont libres. Il n’y a pas de label à proprement parler mais un collectif. Chacun s’autoproduit ou se fait produire où bon lui semble. Heretik produit pour l’instant uniquement les CD et vinyles qui servent à l’effort de groupe. Mais Heretik mériterait d’être indépendant complètement. Problème : les réalités économiques et fiscales du système français, qui veulent qu’une structure soit tout le temps en expansion, sinon elle meurt. Ou alors tu restes en asso, et tu te fais produire. Le système n’est pas adapté à des structures comme la notre. Ou vice-versa.

Vous représentez les fers de lance des free et du milieu underground, n'avez-vous pas peur de créer un malentendu, voire un paradoxe, en participant à des évènements tekno commerciaux comme Ososphère ou Electronica Temporis ?

Déjà on ne se considère pas comme le fer de lance de quoi que ce soit. On navigue à notre gré et sans se soucier des clivages et cantonnements. Il n’y a pas de paradoxe. Les scènes post-free et officielles se croisent sans arrêt aujourd’hui. Ca ne nous pose aucun problème de jouer pour une organisation établie un jour, et de proposer nous même un événement alternatif le lendemain. La seule chose qu’on suit, c’est notre propre vision éthique. D’ailleurs il ne faut pas confondre commercial et payant. Ososphère est certes un festival payant, mais certainement pas commercial. Le commercial, c’est la Starac ou les compils NRJ. Jouer dans des événements officiels, c’est vivre en tant qu’artiste, et c’est étendre ses compétences, pouvoir jouer autre chose, rencontrer d’autres sensibilités. On ne voit pas le problème. Ceux qui y voient un problème sont psychorigides, probablement paranoïaques légers, et on leur répondrait par une autre question : Mec, crois-tu que nos pâtes coûtent moins cher que les tiennes ? Faut arrêter les conneries, c’est toujours la bohème quand tu joues à Ososphère.

Que pensez-vous du net ? Un bon vecteur pour les artistes ?

Bien sur. C’est une vitrine, un contact direct et instantané avec le monde entier. On peut s’y exprimer artistiquement, intellectuellement, sans subir les lois du marché ou celles des journalistes. C’est la liberté mec !

Que pensez-vous de l'évolution des musiques électroniques en France ?

On est trop occupés a nous occuper de nos fesses ... le derrière des autres nous importe peu! En gros tout est musique électronique ou presque. Ou, la musique électronique n’existe pas. C’est comme on veut. Ça ne veut rien dire. La forme n’est rien. Seul le fond, le contenu, les idées comptent.
L’évolution est bonne, on rattrape les anglais. Les scènes sont belles, innovantes. Mais elles sont étouffées, incomprises, car seule la rentabilité et l’assentiment d’un public de masse est entendu. C’est débile. La musique électronique, c’est la vie. L’opposition avec l’acoustique est inutile. Les gens et les médias sont aveugles. La musique électronique est partout ; dans les pubs, les jingles, la télé, dans la variété, dans les équipements du quotidien, les portables... partout


Itw by Deadman, Sao & Stalker for hrtk


 

Interview pour la revue CASSANDRE (septembre 2003)

 

- Un peu d'histoire. Qu’est-ce que le collectif heretik?

Sao : Heretik ? Un joyeux bordel. Des musiciens, des activistes, des graphistes, des techniciens, des poètes, des épicuriens… Un sound-system, des labels, des vinyles, des fêtes, de la production, du Web … une bonne équipe bien barrée, blindée de gens super différents. Des rigolos, des pas drôles, des calmes, des agités… que du bonheur…

Léo : Un groupe d'activiste tekno créé en 1996 suite a notre rencontre sur le teknival de Tarnos .On a été plutôt actifs avec plus d'une centaine de teufs et une centaine de disque vinyles ainsi que 2 album cd : "power mode" et "impénitents et obstinés". Bientôt le troisième, « tekno is beautiful ».
Pour info on a commit quelques attentats mémorables comme la "20 kw de bordel", "Pure undergronde" à Bercy expo, « de Charybde en Scylla » à la piscine Molitor ou "Tekno is beautiful" cette année à Chevannes, ainsi que des teufs "suivez le bruit qui court" sans infoline, uniquement en bouche a oreille. Aussi une grosse activité en club autant a paris qu'en province ou a l'étranger.

- Cet été, il y a eu Carhaix, samedi une teuf en banlieue parisienne a été retardée par l'intervention de la police, alors que l'après-midi même avait eu lieu la techno parade à paris. Quel regard portez-vous sur la pression qu’exercent les autorités sur ces événements?

Krs : hallucinante et incompréhensible… tout en restant dans la "normalité" quand on regarde l'histoire musicale ; comme tout mouvement radical (jazz dans les années 30 rock en 50 punk en 70 etc.) les autorités s'inquiètent des qu'un nouveau courant, se dégageant des moeurs établis par son style (sapes. langage. musique etc.), échappe a leur contrôle.

Sao : Un joli mélange d’obscurantisme et de démagogie.
D’un coté Sarkozy se paye des « unes » en autorisant des teknivals surmédiatisés, de l’autre coté les autorisations sont quasi impossibles à avoir pour les organisateurs d’événements alternatifs ; et même la tekno institutionnelle dite « commerciale » a un mal fou à ne pas se faire interdire par les maires et autres préfets.
On est non seulement muselés par des pouvoirs publics réacs mais aussi utilisés à des fins de pseudo pubs démagogiques. Le tout en même temps. Sympa.

Léo : C'est encore flou. Les autorisations, puisque c'est se qu'on nous demande de faire, sont difficile a obtenir (refus systématique des autorités locales) et seule la volonté de récupération du ministre de l'intérieur a réussi a imposer les quelques fêtes qui ce sont déroulées.
Si on obtient pas un vrai statut pour la fête tekno, qui soit dédiabolisée, il faudra en venir a un combat de rue avec médiatisation de nos revendications - politique de zone d'autonomie temporaire, politique de squat autorisé, statut différent pour les raves que les concert rock car à nouvelles culture nouvelles lois et aussi combats juridiques pour imposer cette nouvelle mouvance et tout ce quelle apporte comme question de sociétés puisque que cela va jusqu'au débat sur la dépénalisation qui est lui aussi d'actualité. Reste à savoir si le mouvement saura rester uni pour ces combats.

Stalker : Ils font ce qu’ils veulent, selon les gouvernements. Rapport hautement médiatique et délicat. Ils projettent tous leur fantasmes, quels qu’ils soient (politiques, flics, parents, journalistes). La répression nous a crée.

- selon vous, pourquoi l'état réprime-t-il ces rassemblements? L’aspect protecteur (aussi bien la sécurité des lieux que celles des personnes) ne couvre-t-il pas mal l'aspect sécuritaire?


Krs : Tout a fait c'est une fausse excuse. Sinon on nous débloquerait de la logistique sanitaire ainsi que des lieux beaucoup plus facilement.

Léo : C'est l'aspect sécuritaire qui prime, contrebalancé heureusement par un appel du pied du présidentiable Sarkozy à la jeunesse. Mais on a fait une erreur en ne communiquant pas sur la vraie bonne tenue de nos manifestations (free ou rave) en faisant un parallèle avec les centaines d'interventions de la croix rouge durant les feria du sud (alcool et violences) ou même les dizaines d'intervention durant les dance machine de M6 (caillera et ecstasy). La tekno est pacifique et non violente et est une vraie résurgence d'une fête populaire et communautaire - d'où le relatif peu de cas graves dus a des conduites extrêmes qui ont tendance à se raréfier en France (maturité oblige)

Sao : Ils répriment parce qu’ils ne veulent pas se donner le temps de trouver des solutions. Ils n’ont pas d’énergie à dépenser pour des gamins qui ne votent même pas.

Stalker : Certes, il le couvre mal. L’aspect sécuritaire serait plutôt encore et toujours un problème de génération, et tout change si vite ! Ils ont du mal à comprendre l’évidence. La répression entraîne un effet inverse de celui recherché. Retour à l’ordre moral, incompréhension, totalitarisme culturel et économique. Le toit d’un entrepôt ne nous est jamais tombé sur la tête, et la drogue dure « alcool » produite en France tue plus de gens que tout autre fléau. Pas d’argent à gagner pour l’état, pression des clubs et des entrepreneurs, jalousie ?
Le contraire de l’aspect sécuritaire, ce serait l’aspect électoraliste sympathisant et hypocrite.

- pensez-vous que des fêtes qui échappent au contrôle marchand et étatique représentent une telle menace pour les autorités?

Sao : Forcement, des qu’on accepte pas le triptyque télévariété-foot-macdo - le pain et les jeux de la société moderne - on dérange. Rien que le concept de « non marchand » ça les met en transe. Ils ne comprennent pas.

Krs : Des jeunes prônant l'autogestion et la liberté d’expression ça peut apparaître dangereux pour la morale aux yeux d'un état-gouvernement conservateur. Quand aux aspects économiques la question est secondaire. Il faut d'abord maîtriser pour pouvoir profiter.

Léo : C'est nouveau et ce qui est nouveau inquiète toujours. La seule menace c'est notre envie de liberté - et pourquoi cette envie si il n'y avait pas un vrai besoin ? A nous de gagner notre part d'avancées libertaires pour notre génération.

Stalker : C’est une question dont on pourrait faire un bouquin. N’est pas cette politique dont rêvent les jeunes générations, blasées du retournement de veste des soixante-huitards, face au capitalisme.
Voleur pas voleur, danger pas danger ? Subversif pas subversif ? Je crois à la légitimité de ce type d’organisation de fêtes, de spectacle GRATUIT, et donc défiscalisé. Tout a changé avec cette loi qui permet aux autorités de confisquer le matériel, ou de brûler les disques.
Ce n’est pas une menace, c’est plutôt un bienfait. Il y a un enjeu politique évident, et c’est peut-être avec ce genre de couacs que la gauche a perdu.

- Vous vous produisez également en club, dans des festivals (Ososphère à Strasbourg). quels sont vos attentes dans ce genre d'événements? Cherchez-vous toujours à défricher le terrain?

Sao : On a toujours adoré joué partout, en club, en rave, etc. On reste des musiciens. Des oreilles différentes, des sensibilités différentes. Ca aurait été stupide de s’autocantonner.

Léo : On est des artistes tekno. Quoique que légèrement activistes, il est normal que l'on joue dans des événements tekno (clubs ou festivals). On ne peut pas parler de liberté et s'autocensurer.

Stalker : Tout dépend de la capacité du public de comprendre les changements. Tout n’est pas si facile.
Personnellement, le terrain à défricher serait plutôt celui de l’expérimentation retrouvée, de la musique pour le corps en rave, mais aussi introduire de l’art, de la musique-objet pour le cerveau. En free aussi, mais c’est un beau combat perdu d’avance, histoire de trouver l’inspiration.

Krs : Nous cherchons toujours a défricher de nouveaux territoire amicaux pour y produire notre art. Les festivals sont de très bon melting-pot d'expression artistique. Apres les clubs, cela semble un moyen de pouvoir nous exprimer de façon bien plus "aérée".

- comment décririez-vous les Nuits de l'Ososphère?

Sao : Cool. Ca va être bien.

Léo : Je ne connais pas. C'est notre première participation mais on connaît le public de l'est de la France et on a notre place là-bas. Mais les plateaux sont très pointus et alléchants.

Stalker : A voir. Très intéressant et alléchant. Sur le terrain de l’électro en plus… mmmm

Krs : connais pas ...

- l'idée du festival (la réappropriation d'un quartier, en l'occurrence celui de la gare à Strasbourg pour y mêler différents aspects de la culture électronique) vous paraît-elle intéressante? Quelles sont ses limites?

Krs : très intéressante pour la réhabilitation du coté festif et tolérant de ce genre d'événements mis a mal par les autorités pendant des années, tout ceci relayé en masse par les medias. Les limites sont celles de notre imagination combinées à celles de nos élus!

Sao : Pas de limites ! C’est un festival musical, la programmation est éclectique, large. On est pour !

Léo : Oui c'est très bien et pourquoi des limites ? Les limites existent, le but serait plutôt de les repousser.

Stalker : Les limites, c’est de sortir maladroitement de la pure musicalité. Ou la récup’. L’imagerie techno, c’est plutôt la science fiction, dans un champs ou une forêt. La technologie.
En fait, on est assez grand pour halluciner tout seul. Les « arts » techno sont souvent pauvres et chiants.

- selon vous, quelle place tient ce festival? Le connaissiez-vous avant cette année?

Krs : moi non...

Sao : L’année dernière Palindrome et AMS (des amis) se sont fait siffler parce qu’ils jouaient autre chose que de la tekno. C’est la seule chose que je sais d’Ososphère. Dommage.

Léo : Je ne le connais pas, c’est notre première participation. On est un jeune groupe en fait.

Stalker : Une place plutôt branchée et fine, vu le flyer, malgré un côté trop star et glamour.
Provoc’ ? Marketing ? Les deux ? Pas de problème. On est dans le monde. Nous on est des aliens.

- votre musique est souvent décrite comme industrielle, pourtant une partie du mouvement (les free) présente une volonté de sortir de l'industrie festive. Ososphère est un événement commercial (20 euros la soirée), comment se fait le mélange des genres?

Sao : Ca fait plusieurs années qu’on est à cheval sur les deux tableaux. Aucun problème. Il y a des très belles fêtes payantes. Ce n’est pas parce qu’un événement n’est pas gratuit qu’il est commercial. La qualité se paye, forcement, ne serait-ce qu’un minimum.

Léo : Simplement sans s'imposer de barrières. Au public de choisir. Mais l'histoire de la free est compliquée et beaucoup de jeunes venus se croient garant d'un héritage en refusant de payer; c'est ne pas respecter les efforts des organisateurs et les artistes. Les « old timers » apprécient les bons festivals avec quelque vedettes bien mégalos et du son tekno ou électro. Mais encore une fois c'est au public de faire son choix comme l'artiste fait les siens en toute indépendance. C'est ce qui confère une dimension underground à ce mouvement "pas d'étude de marché".

Stalker : On est des artistes. Un artiste répète dans son garage, mais il ne joue pas dans son garage. Refuser de jouer dans une soirée relève de considérations politiques. Une organisation, par exemple, qui ne rentrerait pas dans notre logique d’intégrité. Mais ce débat est aujourd’hui devenu caduc. La techno, qui n’était pas à vendre, a été vendue. On accepte de jouer à Ososphère avec grand plaisir, pour se confronter à d’autres scènes, rencontrer d’autres artistes, et éventuellement se défaire d’une image par trop manichéenne. La free française est portée sur la musique dure et rapide. Mais ses artistes sont plus aptes à rebondir que son public.
En ce qui concerne l’industriel, il ne faut pas confondre ! Il ne faut pas se tromper de concept. Musique industrielle veut dire musique des machines, musique quasi concrète avec des sons tirés du chant d’une industrie en activité, ou d’un objet mécanique + prise de son + effets + amplification. Une démarche de groupe donc. Une démarche artistique en phase avec les décennies du début du siècle, jusqu’à l’ère de l’ordinateur.
L’industrie du disque, c’est autre chose. C’est de la manipulation de masse au service des annonceurs ! Un système qui se construit autour du gain matériel ne peut pas traiter de culture… une culture qui aujourd’hui n’est pas indépendante. La culture est un marché, et l’éducation prendrait presque le même chemin : une vraie catastrophe humanitaire, affrétés par les pires d’entre-nous (voir fanzine polémique : http://skarlet.heretik.org)

Krs : nous défrichons ...

- existe-t-il toujours dans la scène tekno cet esprit tribal, emmenée par une musique de transe?

Sao : Ca dépend des événements. La tekno est une musique de transe de toute façon. Pour le tribalisme, forcement ça se ressent plus du coté free, plus à l’étranger aussi.

Léo : Je le crois oui...plein de petite tribus qui ce réunissent pour des bacchanales

Krs : oui au sein des collectifs l'esprit de famille est de mise... donc un coté tribal oui... Quant à la musique, pour ceux qui l’aiment, elle a toujours été de transe....quelle qu'elle soit. Donc au sein d'une famille qui aime la musique...

Stalker : Oui et ça fait chier. La transe a perdu la techno dans les méandres fractals de ses introspections confuso-oniriques. La danse a instauré un diktat du dance-floor, et les dj’s n’ont pas fait leur travail de découverte et de mutation. Ils ont joué le jeu du commerce tant décrié : QUE CA MARCHE !!! Plus de monde, plus de son, plus règle artistique.
Mais « l’esprit » réside et se diversifie aussi. Les jeunes de 20 ans aujourd’hui appréhendent très différemment cette « transe » toute relative, très subjective et indicible. Ils rencontrent des habitués, des « initiés »( malgré que je n’aime pas ce terme froid de sociologue ou d’ethnologue) et cela change la donne, les expériences sont différentes, la découverte est moindre, tant pour la musique que les codes institués, qui sont flagrants et pauvres (para-militaire et musique à l’amateurisme dangereux).
On vit toujours l’aventure à deux pas de chez soi, ensembles; on se désocialise aussi, pour mieux comprendre, être plus fort.

- pour un collectif comme le vôtre, comment se définit la création musicale?

Léo : Tous azimuts au gré de ses envies...

Sao : Boum boum boum boum boum boum boum boum boum tchak boum boum boum….

Stalker : Le hardware, le software, c’est les machines ou l’ordinateur. Deux sytèmes différents, mais aujourd’hui complémentaires. La création a deux fins : jouer ou composer, faire du live ou faire un morceau. L’un est ergonomique, l’autre est virtuel. Le live donne des sensations, permet d’improviser sur un instrument que l’on construit empiriquement à force de programmation, et le morceau, c’est le morceau, c’est ouvert. L’important est de bien enregistrer et de bien finaliser. La musique rythmique nécessite toujours plus d’impact.
C’est quelque chose de très personnel, solitaire, à de rares exceptions près ou de brèves collaborations.


 

Dancefloor, puissant et cosmique (aout 2003)

 

La nature de l'homme s'attache aux choses qui relèvent de l'inconnu, parties essentielles de l'existence, monde noir des ombres et des questions mal posées, jamais résolues. Aujourd'hui est un siècle où l'aventure n'est plus, forêts de verre et de béton armé, nos sens emprisonnés.
Mais il est une aventure, celle, intérieure, qui fait renaître en nous les instincts d'antan; instincts d'homme ou de loup, qui s'élèvent marche à marche à coup de beats cinglants et de charleys pointus, bravant les barrières de l'imaginaire, luttant contre la sauvagerie des empires financiers, continuant de manière désinteressée la vieille révolution française, les costards-cravate à la lanterne.

Aujourd'hui notre solitude d'anges noirs s'attache encore aux playgrounds électronique de nos sociétés du spectacle, où l'assistanat des artistes, et donc leur baillonement, nous révolte. Mass médias instruments de terreur, terreur d'avance, combats perdus, danse pour oublier.

Danse pour oublier, danse pour survivre, danse pour appartenir à un clan, un mouvement, ne serait-ce qu'une idée, ou s'insurger contre l'idée qui révolte, l'idée urbaine, les grandes corruptions, la culture de masse débilisante, la télévision rétrograde, presque dangereuse pour l'équilibre d'un individu, et le rejet de l'autre, l'ignorance et les méfaits de la propriété privée. S'il faut suivre le cours des choses, suivre la piste, suivre sans s'arrêter, suivre sans comprendre, alors la musique est un moyen libérateur, le dance-floor un moteur, la machine sans les mots, pour vivre un peu plus haut.

Mais le dance-floor est en danger, pourris par ses maîtres, méprisé par les nantis de l'art, assassiné par des dj's incultes et dépourvus d'idées, pervertis par des danseurs introvertis, paranoïaques, aux danses malades, idiomatiques, resserrées, qui expriment leur révolte en fermant la porte à la beauté et à l'expression de la nouveauté. hardcore moi j'dis, regarde ton mur, il n'y a rien derrière. Mea culpa underground français.

Le dance-floor est l'expression de la fureur, de la puissance charnelle des hommes sans frontière, rassemblement sans classe, sans fric, sans odeur. le dance-floor nous envoie comme une bombe sur les chemins de feu, chaleur originelle de l'espoir infini, home-studios caverneux, vaisseaux du cosmos surréaliste, psychédélisme dangereux et redescentes vachardes, c'est tout cela à la fois, pour nous rappeler que le danseur à la base, c'est lui le musicien, le temps réel de la contestation.

Stalker for Hrtk


 

Impénitents et Obstinés (Décembre 2001)

 

Nous sommes nés dans les années 70, aprés les remous des années 60, trop tard pour le "no future" des années punk, et épargnés par la folie du fric des années 80. Purs éléments de la génération X.

Et si nous, prétendus perdus,avions retrouvé l'essentiel et le primordial ?
Nous à qui l'instruction et les autoroutes de l'information, produits du siècle dernier, ont permis de tout rapprocher, survoler, sans jamais eprouver le besoin d'apprendre plus, puisque comprendre nous suffit.Il semble que ce qui nous passionne n'est pas sans importance. Nous avons épousé le mode de vie tribal et la musique tekno qu'il véhicule.

Certains arretent de lire et pourtant : notre ignorance, revendiquée puisque quasi-subie, nous a ramené à l'essentiel, à la trance atteinte au détour des enceintes et à ses enseignements en cascade. Cette transe était le tissu des civilisations primitives, et est redevenue le tissu de certains d'entre nous à travers la fete libre.

Pour cette raison nous refusons d'etre baillonnés ou reduits à un phénomène mineur par les représentants du proche passé, puisque le son est notre moyen d'expressionet la vie tribale le type de société que nous revendiquons et qui s'est imposée à nous, nous explorateurs du néant.
Nous le disons, nous ne sommes pas perdus, au contraire, nos nous sommes retrouvés, à travers les tribus et leurs sons, nous renouons avec notre futur, puisque c'est déjà notre passé.

Léo for Htrk


 

Interview pour laspirale.org (2000)



1 - Comment définiriez-vous Heretik ? C'est un label, une tribu, un sound-system ? Un mix de tout ça ? Et qui sont les membres du collectif ?

HERETIK c’est une tribu, des labels, un sound-system, et avant tout une famille de passionnés. C’est un concept festif et artistique où chacun, quelque soit son domaine d’expression, apporte son énergie. C’est aussi une volonté d’indépendance (de liberté ?) Le collectif ? une vingtaine d’activistes… musiciens, techniciens, épicuriens

2 - Qu'est-ce qui fait la spécificité du sound Heretik ? Quels sont les autres collectifs dont vous vous sentez proches ?

Sans aucun doute la diversité des personnages; sûrement aussi un brin de talent et un peu de magie. C’est les SPIRAL’s qui nous ont scotchés à la tekno. Les proches aujourd’hui c’est IMPAKT-TEKNOCRATES, FURIOUS, TNT… à l’étranger HEKATE, MONONOM… les musiciens aussi, CORE-TEX, BLOC46, CRYSTAL DISTORTION, SUB-RADAR...

3 - Si j'ai bien suivi, vous existez depuis 1996. Comment voyez-vous l'évolution de la scène free depuis vos débuts ? Est-ce qu'on peut encore parler d'unité dans cette mouvance ?

On est passé de 300 personnes à plus de 4000 en 5 ans dans nos fêtes. Le mouvement s’est ouvert à un public plus large. Aujourd’hui bien des gens bougent en free sans se sentir marginaux. Ce n’était peut-être pas le cas il y a quelques années. Le nombre d’acteurs et de productions de la scène free a explosé et des talents ont émergés, ce qui a sans doute participé à l’expansion du phénomène. Cependant quantité; n'est pas toujours synonime de qualité....L’unité se crée en fonction des accointances plus que par principe… mais une passion commune l’encourage surement !!

4 - Quelle est aujourd'hui la position des autorités en ce qui concerne les free-parties et les teknivals ?

Pour le moment, Flou artistique
En teuf, Impossible de savoir à l’avance ce qui va se passer. Les circulaires ministérielles sont peu claires et finalement c’est surtout à l’appréciation du chef de la police locale… On reste quand même les boucs émissaires du discours officiel. Les teknivals, par contre, pas de doute: il y a bien longtemps que les autorités n’ont plus leur mot à dire…

5 - Dans « Utopie ? », un texte de 1999 publié sur votre site, vous accusiez l'intelligentsia "tekno-commerciale" de vous pousser à la marginalisation en ne vous laissant vous exprimer que dans des lieux à 150 bornes de Paris et des bleds perdus. Qu'est-ce qui vous fait croire que vous dérangez et qu'il y a une volonté délibérée de vous écarter ?

pour la volonté de nous écarter,  surtout les gaz lacrymaux, en fait…Mais ce n’est pas le fait de l’intelligentsia «tekno-commerciale» mais plutôt des pouvoirs publics (relire "utopie"!)

6 - Qui est-ce que vous englobez dans cette intelligentsia ? Coda, Trax, FG ? Les sous-labels des majors ?

Le microcosme des journalistes spécialisés qui a pris pour habitude de nous ignorer ou de réduire notre mouvement à ses défauts. Les sous-labels des majors on sait même pas qui c’est…  on a une volonté d’autogestion totale .

7 - Vous dites dans le même texte ne plus en être à défendre votre droit à faire la fête et que le temps des conquêtes est arrivé pour la scène Free. Qu'entendez-vous par là ?

Aujourd’hui ; la répression policière est moins soutenue. Le droit à la fête a donc ; semble-t-il progressé, mais c’est sans aucun doute plus dû à l’acharnement des sound-system et des participants qu’à une ouverture d’esprit des autorités. Si le mouvement a grandi, c’est parce qu’il ne s’est pas laissé faire. Aujourd’hui la scène free peut continuer à conquérir du terrain…et des oreilles.

8 - Vous organisez des fêtes au Gibus en prônant l'ouverture. Qu'est-ce qui vous a poussé dans cette direction et comment réagissent les autres acteurs de la scène free ?

On a toujours joué en club. C’est une autre ambiance, un autre public pas forcément initié à la free, qui n’est
pas désagréable. C’est un terrain d’expression… exemple type de ce que la scène free doit conquérir. Ca permet aussi de faire la teuf en semaine!

9 - Concernant les médias, vous croyez vraiment qu'être reconnu par la presse, spécialisée ou non, serait une bonne chose ? En dehors du besoin légitime de reconnaissance, est-ce qu'il ne vaut mieux pas vivre caché pour être heureux ?

On est bien heureux quand on est cachés dans un teknival au fin fond de la République Tchèque !!! On ne demande pas une reconnaissance pour nos fêtes mais pour notre musique. Les fêtes sont déjà énormes. On n’est pas sûrs qu’il y ait beaucoup d’artistes qui fassent des concerts de 2 à 4000 personne toutes les semaines, et dont personne ne parle. Le décalage semble évident ?

10 - On entend effectivement très peu parler de la production musicale de la scène free à l'exception de quelques compilations de morceaux des Spiral's Tribe et deux, trois autres trucs. Pouvez-vous nous en parler ?

on n’est pas journalistes…

11 - Revenons plus spécifiquement à votre label. Parlez-nous de vos productions.

On bricole… 43 vinyles sortis de nos usines ou de nos caves… On s’attache aujourd’hui à contrôler totalement la production et la distribution de nos supports musicaux. Et on a même la prétention d’avoir un style HERETIK (hard floor?!)

12 - Comment fonctionne le label ? Où trouve-t-on vos pressages ?

Pour l’instant dans les magasins de vinyles tekno. On est en train de mettre en place un réseau de distribution par Internet (pour les distributeurs et les particuliers), qui sera opérationnel d’ici deux mois.

13 - Comment voyez-vous l'avenir ? J'imagine bien que ça pourrait être marrant d'aller « chier sur le dancefloor du Queen avec la bénédiction des patrons » mais ça ne remplit pas une vie. Quels sont vos projets ? Vous pensez notamment pouvoir continuer à vous développer sans faire trop de compromis avec l'intelligentsia tekno-commerciale ?

HERETIK ça remplit nos vies. On est avant tout des passionnés, et on est pas prés de lâcher l’affaire. On kiffe trop ! On veut inonder les bacs et répandre l’activisme festif. On veut se donner les moyens de faire des fêtes qui vivent, des fêtes qui marquent. Quant au compromis… On est pas contre un petit hold-up?!?


 

REFLEXIONS ? (Novembre 2000)

 

On vient de relire UTOPIE ? (nov 1999). Marrant comme les choses changent sans vraiment changer... Car si aujourd'hui ce seraient plutôt les inconditionnels des clubs (tryptique rex, batofar, queen pour Paris) qui commencent a trouver que leur ghetto, bien que doré, reste un ghetto, nous, acteurs de la scene free devont continuer à ne pas confondre "underground" et repli sur soi. Soyons clair, si l'on sentait que les autorités menacaient notre mouvement, on pourrait compter sur toute la famille heretik pour etre présente dans le dernier carré; mais pas de fausses plaintes, on n'en est plus à défendre notre droit à la fete autrement . Il nous semble qu' au contraire le temps des conquêtes est arrivé pour tous les acteurs de talent de la scene free - le bordel reconnaitra les siens.

Mise au point pour dire ce qu'on en pense : Nous HERETIK chions littéralement sur tous les blaireaux qui ne comprennenent pas qu'investir des clubs comme le gibus, le rex, le dome, le jupiter, le nautilus, etc pour des soirées dont le prix d'entrée n'excède pas les 40F ce n'est pas de la récup mercantile mais du défrichage de nouveaux territoires. Que les gros cons à la limte du fascisme qui voudraient nous cantonner dans des entrepots gardent leur mediocrité pour eux. Nous on a la dalle - on veut pouvoir aller chier sur le dancefloor du queen avec les compliments de la direction. Et pour ce qui est des grosses teufs, attendez de voir la prochaine qu'on va vous proposer....Voilà pour ceux qui parlent sans savoir

Autre chose : on a lu dans les canards soit disants specialisés tekno (Trax, Coda...pour ne citer qu'eux) que l'une des préoccupations actuelles de "l'intelligetntsia" commerciale serait de trouver les moyens de faire reculer la fréquentation des free parties. Donc, non contents de ne pour ainsi dire jamais parler de la production musicale indépendante de la scène free, pourtant énorme, souvent talentueuse, et toujours enthousiaste même dans ses penchants les plus dark, voilà ces pseudo critiques se rendant compte que leur façon de réduire notre mouvement à quelques embrouilles dans des teknivals n'a pas suffit, et se mettant à la recherche de nouvelles armes. Alors autant les prevenir tout de suite : ça peut faire mal...

Faudrait voir à pas nous prendre pour des poires. Si la foule nous suis de plus en plus nombreuse chaque week-end, ce n'est pas juste pour se fonçdé comme le prétendent souvent nos détracteurs, mais peut-être aussi parce qu'elle est sensible àl'énergie que l'on déploie pour notre passion, voire aux talents que l'on a... Donc que les gros malins de la presse branchouille crachent plutot sur les machines à récupération que sont M6 et les labels Polyram et Universal (plusieurs grammes et univercrade?) plutôt que de jouer aux Don Quichotte. Sans quoi on vous shoote.

On prefererait lire de mauvaises critiques sur notre musique - ce qui voudrait dire que vous l'écoutez (un minimum pour une presse spécialisée) - plutôt que l'actuelle dénigration en bloc. Bref, on s'est battu pour que la free soit respectée, n'attendez pas que l'on renonce à ce droit.

Léo for Htrk


 

UTOPIE ? (Novembre 1999)

 

La force de notre mouvement, c’est nous tous. Si on continue à ne pas se faire entendre quand l’état, relayé par une «intelligentsia » tekno-commerciale, nous pousse à la marginalisation en ne nous laissant nous exprimer que dans des lieux à 150 bornes de Paris, dans des bleds perdus, tentant de nous réduire à de simples paumés faisant mumuse les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles, des doux dingues pas assez méchants pour justifier une répression systématique mais assez dérangeants pour que l’on cherche à nous isoler pour mieux pouvoir nous étouffer… si l’on continue à accepter tout ça gentiment, on va se faire écraser alors que nous participons à l’une des scènes artistiques les plus créatives d’Europe, sur laquelle s’expriment des centaines d’entre nous et devant laquelle viennent kiffer des milliers de personnes chaque semaine ! ! Notre indépendance, notre capacité à créer et recréer de jour en jour nos moyens d’expression et notre ambition de les voir s’épanouir et non pas menacés de poursuites judiciaires ou de récupération mercantile, voilà ce que nous voulons affirmer.

La free party devrait être reconnue d’utilité publique.

N.B. : Une free ça doit commencer par donner dix balles et se terminer par le ramassage des ordures. Racket, donation, participation aux frais, geste militant ou activisme festif, appelle ça comme tu veux, mais si tu ne comprends pas que ce sont des conditions sine qua non pour que la teuf continue…

Léo for Htrk