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interview pour up2date novembre 2004 -
"La
piste" webzine polémique post-tekno
- Présentez nous les membres du collectif. Comment est-il né ? On s’est rencontrés vers 1995 dans un teknival, et on a fusionné pour créer hrtk. On avait tous moins de 20 ans… - Petit historique de votre parcours ? 1996
– 1998 on fait des free a l’arrache, presque toutes les semaines,
trashy et surmotivés ; on commence les premiers live acts, les
tous premiers disques. On s’en fout de tout, on se marre et surtout
on se fait plaisir… - Si vous pouviez révolutionner le monde des frees, que feriez-vous ? « Rewind » ??? Tout le monde en rose fluo, des filles superbes, pas de relous, pas de flics, on top non stop, pas de frontières ??? Stop la fashion paramilitaire ringarde, les prods à outrance, la beaufitude ? - Eprouvez vous un sentiment de nostalgie ? Aimeriez-vous remonter au bon vieux temps des raves clandestines ? Il y a un temps pour tout. Bien sur le sentiment de liberté de l’époque, il est bien loin. Si on revenait en arrière on éviterait sûrement plein de petites erreurs, on resterait peut être plus cachés, on essaierait d’avoir plus de message, plus d’effort artistique.. etc.… mais bon… Il faut vivre dans le présent, il faut qu’on s’attache à construire maintenant, avec les nouvelles cartes - Pensez-vous que votre album est un disque facile à écouter chez soi ? Le Cd1, sans aucun doute, parfait pour un début de soirée, se mettre en jambe, gentiment, progressivement… le CD2, à fond dans la caisse pour le départ en soirée ??? - L’album Live que vous venez de sortir se veut clairement moins « Bourrin » que vos précédentes sorties. Est-ce que ça annonce un changement, une résolution pour 2005 au niveau de votre son ? Ca
fait un bout de temps qu’on est éclectique au niveau de la
compo et de nos goûts musicaux. Certains ne s’en sont pas
encore rendus compte, certains nous crachent dessus pour ça…
Ce n’est pas une affaire de résolution, c’est le feeling
de chacun, à un instant T. Qu’on fasse de la house ou du
hardcore, c’est la musique qui nous inspire au moment ou on la joue,
on n’y voit aucun problème d’intégrité
ou de quoi que ce soit, c’est pas pour nous ouvrir les portes des
maisons de disques ou de la star’ac, c’est pour nous ouvrir
les oreilles… Certainement pas !!!!!!! A bas la dictature du dancefloor ! Il y a de la musique pour tous les instants… - Etes-vous toujours Impénitents et obstinés ? OUI ! - Hérétique : adj. qui agit de manière jugée aberrante, contraire au bon sens et aux usages. Pensez-vous bien porter votre nom ? Je
dirais plutôt : Heretique : Qui ne souscrit pas à la doctrine
établie, aux dogmes en vigueur … On doit pas avoir le même
dico . - Plusieurs collectifs tels que Sound Conspiracy, Spiral Tribe, ou Desert Storm que l’on retrouve en vidéo sur le DVD World Traveller Adventures (UWe), ont décidé de mettre les voiles pour un road trip humanitaire vers l'Afrique, L'Inde ou l'Europe de L'Est... est-ce que ce genre de trip vous tenterait ? Ou est-ce peut être déjà fait? On n’a jamais été vraiment travellers, à part quelques road trips ensemble vers les pays de l’est … Sinon, peut être pas en tant que groupe, mais des individualités chez nous sont assez proche de tous ces gens la – c’est nos potes… Nous on est la base parisienne des canailles… - Y a t-il une terre promise pour la scène free actuellement ? Un pays, un endroit sur le globe où les rave party ont encore libre cours sans pression, ni répression ? Partout ou la free ne s’est pas encore cramée elle-même, partout ou on n’a pas peur des gens et des musiques nouvelles, loin d’ici et du formatage, loin des mcdos et de Sarkozy, de la bienséance et de la flippe étatique et parentale…. Partout ou pourra passer de la house ou du jazz ou du punk sans se faire siffler. Le monde est à nous !
Interview (intello) pour mcm.net Hello,
Quelles sont vos influences de base ? Comme beaucoup dans le milieu, c’est les Spiral’s qui nous ont scotchés à la tekno. Dans la manière de faire, la première vague de sound systems français, impakt-teknocrates, furious etc… Pour la musique, chacun ses influences, électroniques ou autres. Plus qu'un groupe, Heretik est un collectif à l'identité forte, quel est le point commun de tous les membres de la "tribu" Heretik ? Rester ensemble pour faire la teuf sûrement. Heretik est une tribu tekno moderne, post-rave. C’est loin d’être la pensée unique. On a des façon de voir les choses très diverses, et des préoccupations tout aussi variées. On a déjà un passé en commun, ça soude. Combien de personnes compte le collectif (ou le système) Heretik, et quels sont les rôles de chacun ? Une bonne vingtaine de membres, mais on ne serait pas grand chose sans tous ceux qui nous ont aidés. Dedans on trouve de tout : organisateurs, musiciens, techniciens, poètes, graphistes, activistes, … ou autres. La plupart ont une activité musicale, mais pas tous. Plus notre bus de supporters toxicomanes. Ho ho ho.. Vous vous considérez plus comme des musiciens ou plus comme des activistes de la fête à travers la tekno ? Très largement les deux – l’un ne va pas sans l’autre. Certains sont musiciens, d’autres mettent toutes leurs tripes dans leur vision de la fête. La plupart cumulent. Il y a trop d’individualités pour vouloir nous réduire à une seule activité, à un seul crédo. Certains apprécient la fête en épicuriens, d’autres vibrent pour sa dimension subversive, ou sociale, ou politique…. La musique, comme l’activisme politique ou artistique, sont des médiums qui font sortir du simple cadre techno. Et puis, la techno doit être dépassée. En tant que défenseurs des free, que pensez-vous des bâtons mis dans les roues de la tekno par les autorités en France ? Il
suffit de les comprendre, et de bien considérer le fossé
générationnel qui s’est creusé. Le problème,
c’est que la majeure partie des moyens d’expression extrêmes
et des opportunités hors cadre pour se rassembler sont interdits.
On fait peur à la France d’en haut, d’en bas, et sur
les côtés. Les gens sont le nez dans les chiffres, les nez
dans leur petit écran, le nez dans leur carrière, dans leurs
valeurs. On pense à notre place, on nous protège de trucs
pas dangereux. Ils créent le danger. Notre mouvement s’est
crée pour oxygéner une génération. C’est
le retour de bâton d’une société déshumanisée,
pleines de failles. Nous c'est : du bruit pour contrer le bruit, de la
drogue pour contrer l’hypnose de masse, de la musique pour contrer
la culture de masse débilisante, des danses pour arrêter
de se faire chier... Un mot sur votre dernier LP "Tekno is Beautiful!" ? Il
est rouge et c’est Ben qui a fait la pochette je parie que les collants
en photo c'est ceux de sa meuf quel clochard Dans le CD de "Tekno is Beautiful" se trouve un long texte dénonçant la pensée musicale unique et défendant une certaine culture tekno underground... Fuyez-vous la médiatisation ? Quels sont vos rapports avec les médias en général ? Les médias sont rarement libres. C’est leur financement par la pub qui est problématique. Les annonceurs décident du contenu analytique des journaux, et ce d’une manière indirecte, très ignominieuse, détournée, mesquine, presque inconsciente. On a fuit les médias quand on était dans l’ombre et qu’on voulais le rester. Fuir la médiatisation, c’est kiffant, car on l’appelle de fait. C’est savoir jouer avec les paradoxes ; sauf qu’on s’en aperçoit après, quand tout est fini… Aujourd’hui que la culture tekno underground est morte et enterrée, on essaye de choisir avec qui on parle. On a pas mal de choses à dire, et donc on profite de la plupart des tribunes qui s’offrent à nous. On utilise les médias pour faire passer nos idées et pas pour vendre des tomates… contrairement à certains. Les médias, c’est nous. Malgré l'importance de jouer en teuf, aux festivals tekno etc... Aimez-vous vous produire en club ? On a toujours adoré joué partout, en club, en rave, etc. On reste des musiciens. Ca aurait été stupide de s’autocantonner. On cherche toujours à défricher de nouveaux territoires pour s'y produire. Des oreilles différentes, des sensibilités différentes c’est indispensable pour évoluer. Il y a toujours des gens que cela intéresse de venir nous voir en club, on garde de ces endroits les meilleurs souvenirs comme les pires..... On aime jouer pour les autres, on veut jouer. T’as pas des plans ? Pouvez-vous nous parler de vos productions ? Le label fonctionne comment ? Tous les musiciens sont libres. Il n’y a pas de label à proprement parler mais un collectif. Chacun s’autoproduit ou se fait produire où bon lui semble. Heretik produit pour l’instant uniquement les CD et vinyles qui servent à l’effort de groupe. Mais Heretik mériterait d’être indépendant complètement. Problème : les réalités économiques et fiscales du système français, qui veulent qu’une structure soit tout le temps en expansion, sinon elle meurt. Ou alors tu restes en asso, et tu te fais produire. Le système n’est pas adapté à des structures comme la notre. Ou vice-versa. Vous représentez les fers de lance des free et du milieu underground, n'avez-vous pas peur de créer un malentendu, voire un paradoxe, en participant à des évènements tekno commerciaux comme Ososphère ou Electronica Temporis ? Déjà
on ne se considère pas comme le fer de lance de quoi que ce soit.
On navigue à notre gré et sans se soucier des clivages et
cantonnements. Il n’y a pas de paradoxe. Les scènes post-free
et officielles se croisent sans arrêt aujourd’hui. Ca ne nous
pose aucun problème de jouer pour une organisation établie
un jour, et de proposer nous même un événement alternatif
le lendemain. La seule chose qu’on suit, c’est notre propre
vision éthique. D’ailleurs il ne faut pas confondre commercial
et payant. Ososphère est certes un festival payant, mais certainement
pas commercial. Le commercial, c’est la Starac ou les compils NRJ.
Jouer dans des événements officiels, c’est vivre en
tant qu’artiste, et c’est étendre ses compétences,
pouvoir jouer autre chose, rencontrer d’autres sensibilités.
On ne voit pas le problème. Ceux qui y voient un problème
sont psychorigides, probablement paranoïaques légers, et on
leur répondrait par une autre question : Mec, crois-tu que nos
pâtes coûtent moins cher que les tiennes ? Faut arrêter
les conneries, c’est toujours la bohème quand tu joues à
Ososphère. Bien sur. C’est une vitrine, un contact direct et instantané avec le monde entier. On peut s’y exprimer artistiquement, intellectuellement, sans subir les lois du marché ou celles des journalistes. C’est la liberté mec ! Que pensez-vous de l'évolution des musiques électroniques en France ? On
est trop occupés a nous occuper de nos fesses ... le derrière
des autres nous importe peu! En gros tout est musique électronique
ou presque. Ou, la musique électronique n’existe pas. C’est
comme on veut. Ça ne veut rien dire. La forme n’est rien.
Seul le fond, le contenu, les idées comptent.
Interview pour la revue CASSANDRE (septembre 2003)
- Un peu d'histoire. Qu’est-ce que le collectif heretik? Sao : Heretik ? Un joyeux bordel. Des musiciens, des activistes, des graphistes, des techniciens, des poètes, des épicuriens… Un sound-system, des labels, des vinyles, des fêtes, de la production, du Web … une bonne équipe bien barrée, blindée de gens super différents. Des rigolos, des pas drôles, des calmes, des agités… que du bonheur… Léo
: Un groupe d'activiste tekno créé en 1996 suite a notre
rencontre sur le teknival de Tarnos .On a été plutôt
actifs avec plus d'une centaine de teufs et une centaine de disque vinyles
ainsi que 2 album cd : "power mode" et "impénitents
et obstinés". Bientôt le troisième, « tekno
is beautiful ». -
Cet été, il y a eu Carhaix, samedi une teuf en banlieue
parisienne a été retardée par l'intervention de la
police, alors que l'après-midi même avait eu lieu la techno
parade à paris. Quel regard portez-vous sur la pression qu’exercent
les autorités sur ces événements? Sao
: Un joli mélange d’obscurantisme et de démagogie. Stalker
: Ils font ce qu’ils veulent, selon les gouvernements. Rapport hautement
médiatique et délicat. Ils projettent tous leur fantasmes,
quels qu’ils soient (politiques, flics, parents, journalistes).
La répression nous a crée. Sao : Ils répriment parce qu’ils ne veulent pas se donner le temps de trouver des solutions. Ils n’ont pas d’énergie à dépenser pour des gamins qui ne votent même pas. Stalker
: Certes, il le couvre mal. L’aspect sécuritaire serait plutôt
encore et toujours un problème de génération, et
tout change si vite ! Ils ont du mal à comprendre l’évidence.
La répression entraîne un effet inverse de celui recherché.
Retour à l’ordre moral, incompréhension, totalitarisme
culturel et économique. Le toit d’un entrepôt ne nous
est jamais tombé sur la tête, et la drogue dure « alcool
» produite en France tue plus de gens que tout autre fléau.
Pas d’argent à gagner pour l’état, pression
des clubs et des entrepreneurs, jalousie ? Sao : Forcement, des qu’on accepte pas le triptyque télévariété-foot-macdo - le pain et les jeux de la société moderne - on dérange. Rien que le concept de « non marchand » ça les met en transe. Ils ne comprennent pas. Krs : Des jeunes prônant l'autogestion et la liberté d’expression ça peut apparaître dangereux pour la morale aux yeux d'un état-gouvernement conservateur. Quand aux aspects économiques la question est secondaire. Il faut d'abord maîtriser pour pouvoir profiter. Léo : C'est nouveau et ce qui est nouveau inquiète toujours. La seule menace c'est notre envie de liberté - et pourquoi cette envie si il n'y avait pas un vrai besoin ? A nous de gagner notre part d'avancées libertaires pour notre génération. Stalker
: C’est une question dont on pourrait faire un bouquin. N’est
pas cette politique dont rêvent les jeunes générations,
blasées du retournement de veste des soixante-huitards, face au
capitalisme. - Vous vous produisez également en club, dans des festivals (Ososphère à Strasbourg). quels sont vos attentes dans ce genre d'événements? Cherchez-vous toujours à défricher le terrain? Sao
: On a toujours adoré joué partout, en club, en rave, etc.
On reste des musiciens. Des oreilles différentes, des sensibilités
différentes. Ca aurait été stupide de s’autocantonner. Stalker
: Tout dépend de la capacité du public de comprendre les
changements. Tout n’est pas si facile. Krs : Nous cherchons toujours a défricher de nouveaux territoire amicaux pour y produire notre art. Les festivals sont de très bon melting-pot d'expression artistique. Apres les clubs, cela semble un moyen de pouvoir nous exprimer de façon bien plus "aérée". - comment décririez-vous les Nuits de l'Ososphère? Sao : Cool. Ca va être bien. Léo : Je ne connais pas. C'est notre première participation mais on connaît le public de l'est de la France et on a notre place là-bas. Mais les plateaux sont très pointus et alléchants. Stalker : A voir. Très intéressant et alléchant. Sur le terrain de l’électro en plus… mmmm Krs : connais pas ... -
l'idée du festival (la réappropriation d'un quartier, en
l'occurrence celui de la gare à Strasbourg pour y mêler différents
aspects de la culture électronique) vous paraît-elle intéressante?
Quelles sont ses limites? Sao
: Pas de limites ! C’est un festival musical, la programmation est
éclectique, large. On est pour ! Stalker
: Les limites, c’est de sortir maladroitement de la pure musicalité.
Ou la récup’. L’imagerie techno, c’est plutôt
la science fiction, dans un champs ou une forêt. La technologie.
-
selon vous, quelle place tient ce festival? Le connaissiez-vous avant
cette année? Sao
: L’année dernière Palindrome et AMS (des amis) se
sont fait siffler parce qu’ils jouaient autre chose que de la tekno.
C’est la seule chose que je sais d’Ososphère. Dommage. Stalker
: Une place plutôt branchée et fine, vu le flyer, malgré
un côté trop star et glamour. - votre musique est souvent décrite comme industrielle, pourtant une partie du mouvement (les free) présente une volonté de sortir de l'industrie festive. Ososphère est un événement commercial (20 euros la soirée), comment se fait le mélange des genres? Sao
: Ca fait plusieurs années qu’on est à cheval sur
les deux tableaux. Aucun problème. Il y a des très belles
fêtes payantes. Ce n’est pas parce qu’un événement
n’est pas gratuit qu’il est commercial. La qualité
se paye, forcement, ne serait-ce qu’un minimum. Stalker
: On est des artistes. Un artiste répète dans son garage,
mais il ne joue pas dans son garage. Refuser de jouer dans une soirée
relève de considérations politiques. Une organisation, par
exemple, qui ne rentrerait pas dans notre logique d’intégrité.
Mais ce débat est aujourd’hui devenu caduc. La techno, qui
n’était pas à vendre, a été vendue.
On accepte de jouer à Ososphère avec grand plaisir, pour
se confronter à d’autres scènes, rencontrer d’autres
artistes, et éventuellement se défaire d’une image
par trop manichéenne. La free française est portée
sur la musique dure et rapide. Mais ses artistes sont plus aptes à
rebondir que son public. Krs : oui au sein des collectifs l'esprit de famille est de mise... donc un coté tribal oui... Quant à la musique, pour ceux qui l’aiment, elle a toujours été de transe....quelle qu'elle soit. Donc au sein d'une famille qui aime la musique... Stalker
: Oui et ça fait chier. La transe a perdu la techno dans les méandres
fractals de ses introspections confuso-oniriques. La danse a instauré
un diktat du dance-floor, et les dj’s n’ont pas fait leur
travail de découverte et de mutation. Ils ont joué le jeu
du commerce tant décrié : QUE CA MARCHE !!! Plus de monde,
plus de son, plus règle artistique. - pour un collectif comme le vôtre, comment se définit la création musicale? Léo
: Tous azimuts au gré de ses envies... Stalker
: Le hardware, le software, c’est les machines ou l’ordinateur.
Deux sytèmes différents, mais aujourd’hui complémentaires.
La création a deux fins : jouer ou composer, faire du live ou faire
un morceau. L’un est ergonomique, l’autre est virtuel. Le
live donne des sensations, permet d’improviser sur un instrument
que l’on construit empiriquement à force de programmation,
et le morceau, c’est le morceau, c’est ouvert. L’important
est de bien enregistrer et de bien finaliser. La musique rythmique nécessite
toujours plus d’impact. La
nature de l'homme s'attache aux choses qui relèvent de l'inconnu,
parties essentielles de l'existence, monde noir des ombres et des questions
mal posées, jamais résolues. Aujourd'hui est un siècle
où l'aventure n'est plus, forêts de verre et de béton
armé, nos sens emprisonnés. Stalker for Hrtk
Impénitents et Obstinés (Décembre 2001)
Nous
sommes nés dans les années 70, aprés les remous des
années 60, trop tard pour le "no future" des années
punk, et épargnés par la folie du fric des années
80. Purs éléments de la génération X. Certains
arretent de lire et pourtant : notre ignorance, revendiquée puisque
quasi-subie, nous a ramené à l'essentiel, à la trance
atteinte au détour des enceintes et à ses enseignements
en cascade. Cette transe était le tissu des civilisations primitives,
et est redevenue le tissu de certains d'entre nous à travers la
fete libre. Léo for Htrk
Interview pour laspirale.org (2000)
HERETIK
c’est une tribu, des labels, un sound-system, et avant tout une
famille de passionnés. C’est un concept festif et artistique
où chacun, quelque soit son domaine d’expression, apporte
son énergie. C’est aussi une volonté d’indépendance
(de liberté ?) Le collectif ? une vingtaine d’activistes…
musiciens, techniciens, épicuriens Sans aucun doute la diversité des personnages; sûrement aussi un brin de talent et un peu de magie. C’est les SPIRAL’s qui nous ont scotchés à la tekno. Les proches aujourd’hui c’est IMPAKT-TEKNOCRATES, FURIOUS, TNT… à l’étranger HEKATE, MONONOM… les musiciens aussi, CORE-TEX, BLOC46, CRYSTAL DISTORTION, SUB-RADAR... 3 - Si j'ai bien suivi, vous existez depuis 1996. Comment voyez-vous l'évolution de la scène free depuis vos débuts ? Est-ce qu'on peut encore parler d'unité dans cette mouvance ? On est passé de 300 personnes à plus de 4000 en 5 ans dans nos fêtes. Le mouvement s’est ouvert à un public plus large. Aujourd’hui bien des gens bougent en free sans se sentir marginaux. Ce n’était peut-être pas le cas il y a quelques années. Le nombre d’acteurs et de productions de la scène free a explosé et des talents ont émergés, ce qui a sans doute participé à l’expansion du phénomène. Cependant quantité; n'est pas toujours synonime de qualité....L’unité se crée en fonction des accointances plus que par principe… mais une passion commune l’encourage surement !! 4
- Quelle est aujourd'hui la position des autorités en ce qui concerne
les free-parties et les teknivals ? 5 - Dans « Utopie ? », un texte de 1999 publié sur votre site, vous accusiez l'intelligentsia "tekno-commerciale" de vous pousser à la marginalisation en ne vous laissant vous exprimer que dans des lieux à 150 bornes de Paris et des bleds perdus. Qu'est-ce qui vous fait croire que vous dérangez et qu'il y a une volonté délibérée de vous écarter ? pour
la volonté de nous écarter, surtout les gaz lacrymaux,
en fait…Mais ce n’est pas le fait de l’intelligentsia
«tekno-commerciale» mais plutôt des pouvoirs publics
(relire "utopie"!) Le
microcosme des journalistes spécialisés qui a pris pour
habitude de nous ignorer ou de réduire notre mouvement à
ses défauts. Les sous-labels des majors on sait même pas
qui c’est… on a une volonté d’autogestion
totale . Aujourd’hui ; la répression policière est moins soutenue. Le droit à la fête a donc ; semble-t-il progressé, mais c’est sans aucun doute plus dû à l’acharnement des sound-system et des participants qu’à une ouverture d’esprit des autorités. Si le mouvement a grandi, c’est parce qu’il ne s’est pas laissé faire. Aujourd’hui la scène free peut continuer à conquérir du terrain…et des oreilles. 8 - Vous organisez des fêtes au Gibus en prônant l'ouverture. Qu'est-ce qui vous a poussé dans cette direction et comment réagissent les autres acteurs de la scène free ? On
a toujours joué en club. C’est une autre ambiance, un autre
public pas forcément initié à la free, qui n’est 9 - Concernant les médias, vous croyez vraiment qu'être reconnu par la presse, spécialisée ou non, serait une bonne chose ? En dehors du besoin légitime de reconnaissance, est-ce qu'il ne vaut mieux pas vivre caché pour être heureux ? On est bien heureux quand on est cachés dans un teknival au fin fond de la République Tchèque !!! On ne demande pas une reconnaissance pour nos fêtes mais pour notre musique. Les fêtes sont déjà énormes. On n’est pas sûrs qu’il y ait beaucoup d’artistes qui fassent des concerts de 2 à 4000 personne toutes les semaines, et dont personne ne parle. Le décalage semble évident ? 10
- On entend effectivement très peu parler de la production musicale
de la scène free à l'exception de quelques compilations
de morceaux des Spiral's Tribe et deux, trois autres trucs. Pouvez-vous
nous en parler ? On
bricole… 43 vinyles sortis de nos usines ou de nos caves…
On s’attache aujourd’hui à contrôler totalement
la production et la distribution de nos supports musicaux. Et on a même
la prétention d’avoir un style HERETIK (hard floor?!) Pour
l’instant dans les magasins de vinyles tekno. On est en train de
mettre en place un réseau de distribution par Internet (pour les
distributeurs et les particuliers), qui sera opérationnel d’ici
deux mois. HERETIK ça remplit nos vies. On est avant tout des passionnés, et on est pas prés de lâcher l’affaire. On kiffe trop ! On veut inonder les bacs et répandre l’activisme festif. On veut se donner les moyens de faire des fêtes qui vivent, des fêtes qui marquent. Quant au compromis… On est pas contre un petit hold-up?!?
On vient de relire UTOPIE ? (nov 1999). Marrant comme les choses changent sans vraiment changer... Car si aujourd'hui ce seraient plutôt les inconditionnels des clubs (tryptique rex, batofar, queen pour Paris) qui commencent a trouver que leur ghetto, bien que doré, reste un ghetto, nous, acteurs de la scene free devont continuer à ne pas confondre "underground" et repli sur soi. Soyons clair, si l'on sentait que les autorités menacaient notre mouvement, on pourrait compter sur toute la famille heretik pour etre présente dans le dernier carré; mais pas de fausses plaintes, on n'en est plus à défendre notre droit à la fete autrement . Il nous semble qu' au contraire le temps des conquêtes est arrivé pour tous les acteurs de talent de la scene free - le bordel reconnaitra les siens. Mise au point pour dire ce qu'on en pense : Nous HERETIK chions littéralement sur tous les blaireaux qui ne comprennenent pas qu'investir des clubs comme le gibus, le rex, le dome, le jupiter, le nautilus, etc pour des soirées dont le prix d'entrée n'excède pas les 40F ce n'est pas de la récup mercantile mais du défrichage de nouveaux territoires. Que les gros cons à la limte du fascisme qui voudraient nous cantonner dans des entrepots gardent leur mediocrité pour eux. Nous on a la dalle - on veut pouvoir aller chier sur le dancefloor du queen avec les compliments de la direction. Et pour ce qui est des grosses teufs, attendez de voir la prochaine qu'on va vous proposer....Voilà pour ceux qui parlent sans savoir Autre chose : on a lu dans les canards soit disants specialisés tekno (Trax, Coda...pour ne citer qu'eux) que l'une des préoccupations actuelles de "l'intelligetntsia" commerciale serait de trouver les moyens de faire reculer la fréquentation des free parties. Donc, non contents de ne pour ainsi dire jamais parler de la production musicale indépendante de la scène free, pourtant énorme, souvent talentueuse, et toujours enthousiaste même dans ses penchants les plus dark, voilà ces pseudo critiques se rendant compte que leur façon de réduire notre mouvement à quelques embrouilles dans des teknivals n'a pas suffit, et se mettant à la recherche de nouvelles armes. Alors autant les prevenir tout de suite : ça peut faire mal... Faudrait voir à pas nous prendre pour des poires. Si la foule nous suis de plus en plus nombreuse chaque week-end, ce n'est pas juste pour se fonçdé comme le prétendent souvent nos détracteurs, mais peut-être aussi parce qu'elle est sensible àl'énergie que l'on déploie pour notre passion, voire aux talents que l'on a... Donc que les gros malins de la presse branchouille crachent plutot sur les machines à récupération que sont M6 et les labels Polyram et Universal (plusieurs grammes et univercrade?) plutôt que de jouer aux Don Quichotte. Sans quoi on vous shoote. On prefererait lire de mauvaises critiques sur notre musique - ce qui voudrait dire que vous l'écoutez (un minimum pour une presse spécialisée) - plutôt que l'actuelle dénigration en bloc. Bref, on s'est battu pour que la free soit respectée, n'attendez pas que l'on renonce à ce droit. Léo for Htrk
La force de notre mouvement, c’est nous tous. Si on continue à ne pas se faire entendre quand l’état, relayé par une «intelligentsia » tekno-commerciale, nous pousse à la marginalisation en ne nous laissant nous exprimer que dans des lieux à 150 bornes de Paris, dans des bleds perdus, tentant de nous réduire à de simples paumés faisant mumuse les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles, des doux dingues pas assez méchants pour justifier une répression systématique mais assez dérangeants pour que l’on cherche à nous isoler pour mieux pouvoir nous étouffer… si l’on continue à accepter tout ça gentiment, on va se faire écraser alors que nous participons à l’une des scènes artistiques les plus créatives d’Europe, sur laquelle s’expriment des centaines d’entre nous et devant laquelle viennent kiffer des milliers de personnes chaque semaine ! ! Notre indépendance, notre capacité à créer et recréer de jour en jour nos moyens d’expression et notre ambition de les voir s’épanouir et non pas menacés de poursuites judiciaires ou de récupération mercantile, voilà ce que nous voulons affirmer. La free party devrait être reconnue d’utilité publique. N.B. : Une free ça doit commencer par donner dix balles et se terminer par le ramassage des ordures. Racket, donation, participation aux frais, geste militant ou activisme festif, appelle ça comme tu veux, mais si tu ne comprends pas que ce sont des conditions sine qua non pour que la teuf continue… Léo for Htrk
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